Une Tour conçue pour durer

130 ans

Mardi 6 août 2019

Modifié le : 14/08/19

Présente dans le paysage de Paris depuis 130 ans, on ne saurait imaginer son absence. Mais la tour Eiffel est-elle éternelle ? Par Bertrand Lemoine

Les plus anciennes constructions de l’humanité, telles les pyramides d’Égypte, n’ont guère plus de 4000 ans d’existence. Mais le fer dont est entièrement faite la tour Eiffel n’est pas la pierre des pyramides. L’ennemi du fer, c’est la corrosion due à l’eau et à l’air qui oxydent progressivement le fer à l’air libre. La couche de peinture qui protège le métal de la Tour est très efficace à condition d’être régulièrement renouvelée, ce qui est bien le cas depuis 130 ans, tous les 7 ans environ. Donc bien repeinte, la tour peut durer…. éternellement.

Les micro mouvements dus au soleil et au vent

Un autre phénomène pernicieux peut fragiliser la Tour à très long terme : ses micro mouvements. Le vent le fait légèrement vibrer et le soleil dilate les parties exposées à ses rayons. Dans sa course diurne, le soleil chauffe successivement ses faces est, sud et ouest, qui se dilatent tour à tour sous l’effet de la chaleur avant de revenir la nuit à leur état initial. Le sommet de la tour décrit ainsi en 24 heures une courbe plus ou moins circulaire d’environ 15 centimètres de diamètre qui résulte de cette dilatation.

Ces petits mouvements induisent une fatigue dans le métal qui l’affaiblit à la longue, à l’instar d’un fil de fer qui, plié plusieurs fois de suite, finit par se rompre. On peut ainsi penser qu’il faudrait autour de mille ans pour venir à bout de la Tour. Mais d’ici là, on aura peut-être changé une à une toutes ses pièces sans même que sa forme et même ses détails en soient altérés. Donc longue vie à la tour Eiffel !

On ne saurait trop se pénétrer du principe que la peinture est l'élément essentiel de la conservation d'un ouvrage métallique et que les soins qui y sont apportés sont la seule garantie de sa durée.

Gustave Eiffel

Bertrand Lemoine est architecte ingénieur et historien. Il a été directeur de recherche au CNRS et directeur général de l'Atelier International du Grand Paris. C'est un spécialiste internationalement reconnu de l'histoire et de l'actualité de l'architecture, de la construction, de la ville et du patrimoine aux 19e et 20e siècles, en particulier de Paris, du Grand Paris et de la Tour Eiffel. Il est l’auteur de quarante trois ouvrages et de plusieurs centaines d’articles sur ces sujets. Il est actuellement consultant sur les questions architecturales, urbaines, numériques et énergétiques.