Une brève histoire des éclairages de la Tour

Mardi 21 avril 2020

Modifié le : 23/09/22

Dès l’origine, la Tour a été mise sous le feu des projecteurs. Car comment imaginer qu’elle ne soit pas visible la nuit ? Par Bertrand Lemoine.

Lors de l’inauguration de la Tour en 1889, c’est le gaz qui était le seul mode d’éclairage possible, quelques années avant le développement de l’électricité. Pour souligner les formes de la Tour, ce sont 10 000 becs de gaz qui y sont installés. Des projecteurs au sol l’illuminent pendant la nuit. Un phare est érigé tout au sommet, protégé par une rotonde vitré sous une petite coupole. Enfin, deux projecteurs électriques mobiles sur des rails peuvent être déplacés tout autour du niveau supérieur du troisième étage, autour du bureau d’Eiffel. 

L’électricité arrive en 1900

Les progrès de l’électricité à partir de 1900 permettent déjà de moderniser ces dispositifs. Des ampoules électriques se substituent aux becs de gaz pour souligner les arêtes de la Tour. Pour l’Exposition internationale de 1925, André Citroën a le privilège d’inscrire son nom sur trois faces de la Tour en lettres lumineuses géantes grâce au talent de Fernando Jacopozzi. Cet affichage subsiste jusqu’en 1936, alors qu’une horloge a été fixée en 1933 dans le E de Citroën. 

L’Exposition internationale de 1937 motive un nouveau projet, conçu par l’architecte André Granet, marié à l’une des petites-filles de Gustave Eiffel. Il concentre la mise en lumière sur les faces intérieures de la Tour, sous le premier étage entre les quatre piliers. Des tubes fluorescents dessinent… une dentelle ! Trente projecteurs éclairent la Tour de l’extérieur. Ils sont remplacés en 1958 par 1290 petits appareils positionnés tout autour, dans des fosses.

Nouvel éclairage spectaculaire en 1985

La grande innovation dans l’éclairage de la Tour est venue en 1985, avec l’installation, dans le cadre de la campagne de travaux de restauration, de 336 lampes au sodium à l’intérieur de la structure. Conçu par Pierre Bideau, ingénieur éclairagiste, ce dispositif produit un effet spectaculaire car la tour devient elle-même une source de lumière, tel un joyau serti dans son écrin, avec une belle teinte jaune-orangée. 

Inauguré le 31 décembre 1985, cet éclairage est toujours en place aujourd’hui. Les projecteurs ont été dotés en 2004 de lampes de puissance moindre  - 600 w au lieu de 1000 w - mais d’une meilleure efficacité, ce qui assure une notable économie d’énergie tout en conservant l’aspect initial.

Il a été complété à partir du 1er janvier de l’an 2000 par 20 000 flashs scintillants installés par des équipes d’alpinistes directement sur la structure. Conçu pour être éphémère, cet éclairage est démonté en 2001 puis remonté un an plus tard. Il scintille 10 minutes, puis, pour des raisons d’économie, cinq minutes toutes les heures chaque soir jusqu’à 1h du matin. Outre l’ajout du scintillement, le phare du sommet a été remplacé par quatre phares qui balaient chacun successivement un quart de l’horizon, donnant ainsi l’illusion d’un phare tournant en continu.

Au 23 septembre 2022, les horaires d’éclairage de la tour Eiffel évoluent encore dans le cadre du plan de sobriété énergétique de la Ville de Paris. L’éclairage de la tour Eiffel (éclairage doré et phare) s’arrête plus tôt, à 23h45 (au lieu de 1h du matin) dès que la Tour ferme au public. Le dernier scintillement, quant à lui, a lieu à 23h.

 

La vie de la Tour, ponctuée par ses illuminations

De nombreuses mises en lumière et couleur éphémères - grâce à des installations externes, le plus souvent des projecteurs disposés sur le Pont d’Iéna - ponctuent aussi la vie de la Tour à l’occasion de divers événements  : en 2004 pour l’année de la France en Chine, elle est habillée de rouge ; en 2006, elle est en bleu aux couleurs de l’Europe ; en 2007 en vert pour la Coupe du monde de rugby ; en 2008 en bleu étoilé pour la présidence française de l’Union européenne ; en 2016 en vert pour la COP 21 ou en bleu blanc rouge après les attentats de Nice. Ou encore, chaque année, en rose pour la campagne « Octobre rose » contre le cancer du sein… Son illumination - ou extinction en signe de deuil - devient ainsi le vecteur symbolique de messages qui peuvent s’adresser au plus grand nombre.

La dernière grande mise en lumière date de mai 2019, avec un show lumineux exceptionnel signé Bruno Sellier, joué plusieurs soirs de suite pour fêter les 130 ans de la tour Eiffel.

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Histoire d’une Tour illuminée

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Bertrand Lemoine est architecte ingénieur et historien. Il a été directeur de recherche au CNRS et directeur général de l'Atelier International du Grand Paris. C'est un spécialiste internationalement reconnu de l'histoire et de l'actualité de l'architecture, de la construction, de la ville et du patrimoine aux 19e et 20e siècles, en particulier de Paris, du Grand Paris et de la Tour Eiffel. Il est l’auteur de 43 ouvrages et de plusieurs centaines d’articles sur ces sujets. Il est actuellement consultant sur les questions architecturales, urbaines, numériques et énergétiques.

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