Une Tour qui inspire les plus grands exploits !

Mardi 5 mai 2020

Modifié le : 08/04/22

Par sa hauteur et sa capacité de résonnance médiatique, la Tour Eiffel a suscité quantité d’exploits sportifs, de performances et de défis, parfois tragiques. Par Bertrand Lemoine.

Des ballons et des avions

L’aviation naissante voit dans la Tour un objet de défi à sa mesure ! A noter que Gustave Eiffel avait d’ailleurs contribué aux progrès dans l’aviation grâce aux expériences sur l’aérodynamisme menées dès l’origine par la chute de formes à partir du 2e étage puis par une soufflerie.

En 1900, un prix de 100 000 francs est institué pour récompenser le premier pilote de dirigeable qui, partant de Saint-Cloud, parviendra à contourner la Tour en moins de 30 minutes aller et retour. Santos Dumont réussit l’exploit à sa troisième tentative le 19 octobre 1901 mais manque de s’y écraser. Le dirigeable Lebaudy –I, - surnommé le « Jaune » à cause de sa couleur – est construit en 1901-1903 à Moisson à 70 kilomètres à l’ouest de Paris par l’ingénieur Henri Julliot et financé par les frères Pierre et Paul Lebaudy, industriels du sucre. Le 27 novembre 1903, il quitte sa base, passe devant la Tour et atterrit sur le Champ de Mars pour la plus grande joie et curiosité des Parisiens.

Santos Dumont survolant la Tour en dirigeable
© D.R, Santos Dumont survolant la Tour en dirigeable

Le premier survol en avion est effectué six ans plus tard le 18 octobre 1909 par le comte Charles de Lambert, un pionnier de l’aviation. Parti de Juvisy, il contourne la Tour et revient 49 minutes plus tard à son point de départ. Le lieutenant Léon Collot passe en avion en 1926 sous les arches de la Tour. Mais il heurte les câbles d’antennes tendues depuis le sommet et s’écrase au sol. Il n’en réchappera pas.

Un pilote de chasse américain William Overstreet, serait passé en 1944, aux commandes de son P-51 Mustang, sous la Tour pour traquer un chasseur allemand. Certains ont tenté de rééditer clandestinement cet « exploit » : un pilote américain vétéran du Vietnam Robert Moriarty en 1984 – le vol a été filmé -, suivi par d’autres, tel Gérard Dance en ULM en 1986 ou cet avion de voltige un dimanche à l’aube en 1991, piloté par un inconnu qui s’offre aussi le luxe de passer sous l’Arc de Triomphe.
 

Charles de Lambert survolant la tour Eiffel en avion
© D.R, Le comte Charles de Lambert survolant la tour Eiffel en avion

Parachutes et tragédie

L’utilisation de la Tour comme plate-forme élevée en a inspiré plus d’un, hélas de façon parfois tragique. Après un premier saut en parachute réussi en 1911 par Gaston Herviaux, le tailleur Franz Reichelt veut y tester un costume-parachute de sa confection. Sa tentative du 12 février 1912 a été filmée : on y voit l’intrépide hésiter un peu avant de se jeter dans le vide depuis le 1er étage, puis s’écraser 58 mètres plus bas.

De même, Marcel Gayet cherche à tester en 1928 la conception de son nouveau parachute et se tue en sautant du 1er étage. Un saut à l’élastique – non autorisé- est effectué en 1987 par le Néo-zélandais AJ Hackett.

Franz Reichelt avec son costume
© Sirot/Angel, Franz Reichelt et son costume-parachute

Les défis d’ascension

Ancêtres de ce que l’on appelle désormais la « Verticale », diverses courses par les escaliers entre le sol et le deuxième étage, soit 729 marches, sont organisées à partir de 1905. Le premier vainqueur, du nom de Forestier, y parvient en 3 minutes et 12 secondes.

D’autres y sont montés en échasses – le boulanger landais Sylvain Doinon en 1891 -, à genoux, sur les mains, à cloche-pied, en moto en 1983, en VTT en 50 mn en 1987, et en monocycle en 2006 ! Un unijambiste de 39 ans, Gilbert Dutrieux, y grimpe même en une heure en 1959.

La Verticale 2017
© Christophe Guiard, Suzy Walsham lors de la Verticale 2017

Performances à couper le souffle 

Si les exploits insolites se raréfient pour des raisons évidentes de moyens et de sécurité, la Tour continue d’être le théâtre de performances médiatisées à couper le souffle. Pour son centenaire en 1989, le funambule Philippe Petit avait marché sur un fil qui reliait la Tour au Palais de Chaillot au Trocadéro.

En Mai 2010, c’est Taïg Khris qui tenta et réussit un saut dans le vide à roller depuis une rampe attenante à la tour Eiffel, presque aussi haute que son premier étage, soit 40 mètres !

Très exceptionnellement (en 2017 et 2019), une tyrolienne à plus de 100 m au-dessus du Champ de Mars a été également proposée à quelques chanceux amateurs de sensations fortes (sur jeu-concours).  

À l’occasion des 130 ans de la Tour, dans une émission de France 2, le slackliner, Nathan Paulin, parcourut une ligne tendue entre deux piliers de la Tour reliant les 1er et 2e étages !

En septembre 2021, Nathan Paulin renouvelle l’exploit, il effectuera deux traversées de 670 entre la tour Eiffel et Chaillot - Théâtre national de la Danse.
 

Philippe Petit
© Marc Verhille/Mairie de Paris, ​​​Philippe Petit marchant sur un fil du Palais de Chaillot à la tour Eiffel

 

Bertrand Lemoine est architecte ingénieur et historien. Il a été directeur de recherche au CNRS et directeur général de l'Atelier International du Grand Paris. C'est un spécialiste internationalement reconnu de l'histoire et de l'actualité de l'architecture, de la construction, de la ville et du patrimoine aux 19e et 20e siècles, en particulier de Paris, du Grand Paris et de la Tour Eiffel. Il est l’auteur de 43 ouvrages et de plusieurs centaines d’articles sur ces sujets. Il est actuellement consultant sur les questions architecturales, urbaines, numériques et énergétiques.

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