La campagne de peinture est un événement important de la vie du monument et revêt, comme tout ce qui est lié à la tour Eiffel, un caractère véritablement mythique : pérennité d'un ouvrage d'art connu dans le monde entier, couleur du monument symbole du paysage parisien, prouesse technique des peintres insensibles au vertige, importance des moyens mis en œuvre.
La tour Eiffel est construite en fer puddlé, matériau dont la longévité est quasi éternelle pour peu qu'il soit repeint régulièrement ! En effet, plusieurs facteurs peuvent mettre en péril ce métal comme la rouille et la pollution inhérente à une grande ville.
Dès la naissance de la Tour, Gustave Eiffel a porté une attention particulière à la conservation du monument qui passait principalement par sa protection par plusieurs couches de peinture.
« On ne saurait trop se pénétrer du principe que la peinture est l’élément essentiel de la conservation d’un ouvrage métallique et que les soins qui y sont apportés sont la seule garantie de sa durée.
Cette considération avait pour la Tour une importance toute spéciale, en raison du petit volume qu’avait chacun des éléments qui la composaient, de leur faible épaisseur et des intempéries exceptionnelles auxquelles ils étaient exposés. » précisait Gustave Eiffel dans son ouvrage « La Tour de 300 mètres ».
En 130 ans, la tour Eiffel a déjà été repeinte 19 fois, soit en moyenne tous les 7 ans. Depuis 2019, le monument a entamé sa 20ème campagne de peinture, qui durera plus de 3 ans.
7
ans environ
La tour Eiffel est repeinte en moyenne tous les 7 ans pour assurer sa pérennité. Une fréquence prescrite par Gustave Eiffel lui-même.
Les campagnes de peinture de la Tour ont parfois été l’occasion de réinventer le paysage parisien ! Du rouge au jaune, en passant par différentes nuances de brun, voici l’étonnante histoire des 8 couleurs de la Tour.
La première couleur adoptée pour la tour Eiffel a été appliquée directement dans les ateliers de Gustave Eiffel à Levallois-Perret, le « rouge Venise » est la couleur qui a fait resplendir la Tour lors de son montage en 1887 et 1888. Couleur recouverte dès son inauguration pour l’Exposition Universelle en 1889 par une couche épaisse de « brun rouge ».
En 1892, la Tour échange cette teinte contre une teinte plus ocre et devient « ocre brun ». En 1899, juste avant l’Exposition Universelle de 1900, la Tour passe au jaune : 5 couleurs dégradées du jaune orangé à la base au jaune clair au sommet sont appliquées et assurent une perception uniforme de la teinte dans le ciel de Paris. Au moment de la pérennisation de la Tour en 1907, Gustave Eiffel opte pour le « jaune brun » qui va être conservé durant 47 ans. La campagne de 1954 marque un subtil retour aux débuts de la tour Eiffel en adoptant une couleur « rouge brun ».
En 1968, une couleur spécialement conçue pour la Dame de Fer et réservée à son seul usage est choisie pour son harmonie avec le paysage parisien. Une teinte semblable au bronze, le « brun Tour Eiffel » que nous connaissons tous.
Le monument profite de sa 20ème campagne de peinture (en cours) pour revenir à la teinte historique de 1907 : « jaune-brun ». Elle correspond en effet à la couleur voulue par Gustave Eiffel au moment où la Tour devenait pérenne.
3
tons
Du plus foncé en bas au plus clair en haut pour créer un effet visuel d’uniformité de loin.
Avant que les peintres n’interviennent, des spécialistes de travaux sur édifices de grande hauteur, posent préalablement les filets de protection et les lignes de vie.
Les peintres sont équipés de harnais pour travailler sur les poutrelles de la tour Eiffel et leur sécurité est assurée dans les meilleures conditions grâce à l’installation systématique de "lignes de vie" (câbles) qui permettent aux ouvriers de se déplacer en ayant toujours un point d’attache.
Des filets de protection sont installés pour sécuriser les zones de travail (antichute d’objets, anti-gouttes).
Tous les outils utilisés sont sécurisés par des longes porte-outils attachées au seau de transport, y compris les pots de peinture et les brosses.
Chaque campagne est l’occasion de vérifier l’état de la structure en détail et de remplacer le cas échéant des petites pièces métalliques corrodées.
L'ampleur et la complexité du travail supposent une méthodologie rigoureuse qui comprend une phase préparatoire de recherche des zones les plus corrodées, une mise à nu de ces zones, d’éventuelles réparations structurelles, puis une première couche de primaire antirouille, suivie d'une seconde application de renforcement antirouille. Enfin, une couche de peinture de finition est posée.
Il faut savoir que les peintres travaillent encore aujourd'hui avec des méthodes traditionnelles déjà utilisées du temps de Gustave Eiffel : la peinture de la tour Eiffel s'applique la plupart du temps manuellement à la brosse guipon.
Selon sa complexité, une campagne de peinture peut durer entre 18 mois et plus de 3 ans, des interruptions dues à la météo, en hiver comme en été, peuvent en perturber le déroulement : il est impossible de peindre sur des structures trop froides et la peinture adhère mal à des structures mouillées.